Infirmerie

par Christian, jeudi 18 novembre 2021, 10:42 (il y a 883 jours)

Bonjour,
Notre lycée, comme son nom l'indique ne recevait que des garçons... Mais, cette ségrégation ne s'appliquait pas qu'aux élèves. Les pions étaient des hommes exclusivement, les agents aussi tout comme l'équipe administrative (Proto, Cencu, Surgés). Les professeurs , à l'exception de "la Joub" (Madame Joubert, Math), "la Jouve"(Madame Jouvent, Math)," la Louise, philo) et quelques-unes, étaient des hommes. On était dans un un univers masculin. Seuls deux postes étaient occupés par des femmes : la lingerie (j'en ai déjà parlé ) et l'infirmerie.
L'infirmerie contrastait beaucoup avec le reste de l'établissement. Déjà, sa situation, extra muros pourrait-on dire. Au-delà de l'étude 8, à l’extrême nord de la cour, il fallait pour y accéder traverser un hall, entre la salle de Do Dièse et l' appart de l'intendant, si je me souviens bien... Puis longer une petite galerie et, l'entrée était sur la gauche. Au rez-de-chaussée, la salle de consultation et le bureau de l'infirmière. À l’étage, un petit dortoir d'une dizaine de lits et une table pour les patients "hospitalisés". Un agent apportait les repas dans un "panier" métallique où les plats se superposaient et l'infirmière dressait la table ou déposait les assiettes sur la tablette qu'elle poussait au- dessus du lit.
Elle s'appelait Odile, petite, un peu potelée, à l'indéfrisable toujours bien peigné, elle était pour nous les petits, un peu notre maman et elle nous apportait un peu de chaleur humaine quand, sujets au blues, les soirs froids de novembre, nous nous rendions en consultation, souvent pour des maux de gorge imaginaires qui nous éloignaient de l'univers impitoyable de l'internat.
Puis, Odile s'en alla et une nouvelle infirmière prit son poste. C'était une ravissante jeune femme blonde aux cheveux courts, très moderne et d'une grande beauté. Force est de dire que, pour les plus grands, elle n'était plus la maman de substitution. Non,c'étaient sa douceur, son charme et sa grande gentillesse qui nous poussaient à "consulter". Madame H. (désolé, je ne me souviens plus du prénom), très jeune, était un peu la copine qui nous faisait fantasmer et nous rendre à l'infirmerie. Et y rester, si possible. Quand, indemnes de quelque pathologie que ce soit et donc sans la moindre fièvre (si ce n'est celle du samedi soir...) un stratagème bien connu faisait monter le thermomètre : il suffisait de le frotter vigoureuse sur le drap et un petit 39,8 nous permettait de nous faire dorloter, bien au chaud, dans la quiétude de l'infirmerie, loin du tumulte de l'internat, tandis que les camarades de classe planchaient sur leur composition ou leur interro-écrite (qu'on zappait souvent pour ne pas faire baisser notre moyenne...)
L'infirmerie, un havre de refuge... Un monde à part du lycée, qui nous permettait de supporter notre vie recluse...
Les infirmières, des femmes adorables qui nous apportaient un peu de réconfort, un peu d'humanité. Merci Odile et Madame H. (si vous me lisez !).
A bientôt, peut être, pour une AG administrativement (mais aussi amicalement) nécessaire, ou un repas (ou les deux) au café du LION, chez notre ami Givaudan?

Ainsi écrit notre président. Et cela me rappelle qu'en cinq ans, je n'ai fréquenté ce lieu saint qu'une seule fois ! Et cela m'a valu deux à trois semaines de repos complet à la maison : les oreillons, à dix-huit ans, c'est sérieux ! "Une semaine au lit, et aucun effort, compris ?" m'a-t-elle dit. J'aurais dû l'écouter ! Au bout de moins d'une semaine, me sentant plein d'allant, j'en profitais pour bricoler... et en quarante-huit heures, j'obtins une fièvre de 40° et des testicules pour jouer au rugby !
Hé ! Dieu si j'eusse écouté
Au temps de ma jeunesse folle
Et dans mon bon lit resté
J'eusse raison de cette faribole ;
Mais quoi je me croyais frivole
Comme fait le fier bahutien.
Christian


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