Lycée Dominique Villars - 05000 GAP
Souvenirs
Un Parisien normalien
Bonjour aux anciens élèves internes de cette période.

J’étais un « Parisien » ayant obtenu le concours de l’Ecole Normale dans ce lycée à l’entrée en seconde.
Le prof d’Histoire Géo de l’époque m’appelait : « l’Estranger ». Nous étions une trentaine de normaliens sur
tout le lycée.
Je voudrais d’abord remercier 4 anciens camarades de cette époque : Alain Rodier, Parisien comme
moi et qui m’a beaucoup aidé, et mes 3 compères, Christian Brun, René Faure et René Micol (hélas décédé).
J’étais pensionnaire (« pencul ») avec un numéro, une carte de sortie, une blouse grise obligatoire et aussi la
nécessité d’avoir un correspondant en ville.
Sur les cours, je n’évoquerai rien car cela n’aurait aucun intérêt, si ce n’est un prof de Français M.
Leroy qui avec 2 autres camarades nous a donné après les cours et bénévolement un rattrapage pour une
remise à niveau qui fut bénéfique.
En revanche, la vie en tant qu’interne est beaucoup plus intéressante même s’il y a eu des bas et des
hauts.
Les bas :
Le proviseur des 3 premières années m’avait pris en grippe et plusieurs fois à l’appel du matin, il me faisait
sortir du rang et devant tous les autres internes me passait un savon. En première, il m’a même « coincé :
privé de sortie » plus de 6 mois consécutifs. J’ai été obligé le jeudi et le dimanche de défiler dans les rues de
la ville : la balade « des penculs ». Heureusement, certains pions (surveillants) me laissaient 1h de liberté. Très
dur quand on est à 800km de chez soi !
Mais, cela s’est transformé en plus, car beaucoup d’internes m’ont soutenu et ceux de philo m’ont expliqué
qu’on ne pouvait plus me punir car j’avais le maximum et que je pouvais en profiter.
Et là, en terminale s’est
passé un fait peu connu des élèves. Un double de la clé du bâtiment des dortoirs était détenu par un élève de
terminale dont très peu d’internes connaissaient l’identité. Quand celui-ci a eu le Bac, c’est à moi qu’il a remis
cette clé que je pouvais prêter ou non pour aller au dortoir en cachette ou même pour faire le mur la nuit.
Quand j’ai quitté le lycée, je l’ai transmise à un autre interne de confiance.
Les activités intéressantes et elles sont nombreuses. Grâce à elles, j’ai pu m’adapter et évoluer.
La chorale :
Un prof du collège en dirigeait une après les cours une fois par semaine.
Le cinéma :
Dans la salle polyvalente se trouvait une cabine de projection et c’est « Crox », surnom d’un prof d’Anglais qui s’en occupait. Il m’a pris comme aide pendant 3 ans.
Le club d’écoute de disques :
Un surveillant ouvrait une salle d’étude possédant un électrophone et deux internes géraient cet espace avec des écoutes de musiques classiques ou de musiques modernes du moment (Brassens, Brel, Régiani, Eddy Mitchel, les Beatles, …)
Les délégués à la sécurité :
Sachant que tous les dortoirs étaient fermés à clé la nuit et que les bâtiments
étaient anciens, il avait été mis en place un service de sécurité élèves internes dont je faisais partie. Nous
avons eu une formation dans le lycée au système d’évacuation d’urgence de tous les présents jour et nuit et
par les pompiers des exercices d’extinction de feux avec exercices très pratiques en situations diverses avec
manipulations des différents extincteurs.
La lecture de polars :
Pratiquement tous les internes lisaient des polars. Ce fut mon entrée dans la lecture
intensive, plusieurs centaines en 5 ans. On se les échangeait systématiquement. Comme exemples : Paul
Kenny, OSS 117, San Antonio, …
Les jeux de cartes :
Divers dont le tarot, pratiqués soit dans la salle polyvalente soit le samedi soir dans le
dortoir, soit à l’annexe, le café du lycée.
Le café du lycée :
En sortie les internes s’y retrouvaient souvent avec comme activités, les jeux de cartes, le
babyfoot, l’écoute de disques (jukebox), et aussi la pétanque sur la place du lycée, les boules étant mise à
disposition.
Les sorties culturelles encadrées :
Souvent, on rencontrait les normaliennes du lycée de filles.
Les
JMF (Jeunesses musicales de France) au cinéma de la ville.
Le
ciné-club des Œuvres Laïques dans leur local en ville où non seulement on voyait des films
permettant une présentation et une discussion finale, mais aussi que l’on présentait à tour de rôle. Ce local
pouvait nous accueillir le week-end aussi.
Les options obligatoires pour la trentaine de normaliens :
La musique, le dessin, et surtout le travail du bois ou du fer. J’avais choisi le bois avec « Boisaille » ce
qui m’a permis de fabriquer de petits meubles pendant les 5 années : table basse avec marqueterie, bureau
avec tiroirs,… En option pour le bac, j’avais pris le Provençal avec M. Pons.
Le sport ou les sports :
Tout d’abord le tiers temps pédagogique qui permettait 3h de sports en continu tout un après-midi et
j’ai eu la chance de pratiquer le ski, le patin à glace, la voile et l’équitation.
Les sports avec compétition :
Le basket, le hand-ball et le volley-ball. Les compétitions inter-
établissements du département ou de la région permettaient de sortir le week-end et parfois le jeudi, sans
oublier le judo pratiqué aussi dans le lycée.
Mai 1968 :
Entre les différentes assemblées générales, les manifs, les cours en aléatoires, les relations avec
des professions de l’extérieur et les discussions sans fin pour refaire le monde, on ne s’est pas ennuyé mais on
a beaucoup appris. J’ai vu apparaître les socialistes, les communistes, les maoïstes, les trotskistes, les
léninistes, sans compter les gaullistes, chaque groupe essayant de convaincre les autres. Je ne parle même pas
du bac.
Mise en place d’une coopérative gérée par les élèves :
Le proviseur avait changé, l’atmosphère au bahut fut
plus agréable. Avec deux autres compères, nous avons pu être responsables de la coopérative de
l’établissement, l’aspect financier étant entre les mains du Censeur. Cela a permis une ouverture régulière de
la salle polyvalente pour accueillir les élèves afin de faciliter certaines activités : jeu de cartes ou de société, …
On avait mis en place une vente de friandises à prix coûtant très appréciée des élèves.
Ouvertures des études : pour au moins les terminales, les études à notre demande furent ouvertes sans pion
et chacun pouvait aller y travailler selon ses besoins.
Le bal du lycée :
Nous avons mis en place le premier bal du lycée, ouvert aux élèves des deux lycées, ainsi
qu’aux professeurs et à l’administration, préparé dans la salle de musique pour les morceaux joués avec les
musiciens volontaires. Ce fut une soirée inoubliable. Il s’est tenu dans le grand réfectoire spécialement
aménagé et décoré pour la circonstance.
Enfin le tutorat :
À la demande, un élève de terminale interne pouvait prendre en charge un élève de 6
ème,
aussi interne, pour le suivre et le soutenir en cas de besoin.
Comme vous pouvez le voir, la vie au lycée comme interne fut très riche : une vraie école de la vie.
Gilbert Laglantine