Lycée Dominique Villars - 05000 GAP
Souvenirs
Internat
Chers amis bahutiens,
Puisqu'on a encore du temps, continuons à nous raconter le bahut... Voilà ce dont je me souviens.
Après 68, il y eut beaucoup d’innovations qui ont fait de notre bahut ce qu'il est aujourd'hui. Mais jusqu'à cette date, rien n'avait changé depuis... sa création, peut-être !
Les internes rentraient le lundi matin et ils avaient le temps de passer à l'étude, à leur casier qui était cadenassé, bien sûr, pour faire leur" biasse". Puis, ils attendaient dans la grande cour avec les externes que ça "ringue" (du verbe to ring) pour accéder aux
salles de classe devant lesquelles ils se mettaient en rang par deux. Sauf pour se rendre en classe, il y avait interdiction absolue de séjourner dans la "cour d'honneur" bien entretenue, avec des parterres de fleurs, de plantes et d'arbres.
Ce qui surprend (les anciens) aujourd'hui, c'est de voir les lycéens, garçons et filles, à papoter, fumer, rire et chahuter devant le perron avant de rentrer dans le lycée. À l'époque, les externes ne passaient jamais par la conciergerie, ils rentraient par "la porte
des externes", qui se trouvait entre le gymnase et le "cercle de lecture" et que les internes n'empruntaient jamais sauf pour aller en "Travaux manuels" dans les locaux du CEG Verdun.
La recré de dix heures se passait aussi dans la grande cour.
A midi, on allait poser nos biasses en étude et on se mettait en rang par deux pour rentrer au ref. Il y avait deux ref, séparés par l'entrée des cuisines : le grand pour les petits et le petit pour les grands, à partir de la seconde. Pour les grands, il y avait une
bouteille de vin à se partager, on était 9 par "carrée" : quatre de chaque côté plus un en bout de table. Il était souvent le plus faible et il ne mangeait pas toujours à sa faim. Il y avait toujours quelqu'un qui "goinfrait "et le faisait "tringler".
À partir de la seconde, on avait aussi droit de fumer dans la grande cour et de sortir le jeudi librement. Jusqu'en troisième, les internes devaient avoir un "correspondant". Le mien, c'était Madame Cado. J'ai passé mes jeudis et mes dimanches avec Kiki et ses copains de la "Rep". Tout un programme...
Après le repas de midi, il y avait récré au cours de laquelle, des matchs de foot étaient disputés âprement ou bien, sous le préau, on jouait à la "paume", on prenait le gagnant de la partie précédente. Les champions étaient Christian Blando (il tapait la balle
main ouverte) et Marcellin (il tapait la balle poing fermé). D'autres jouaient à la belote ou aux mounes, assis par terre. Puis, on rentrait en étude, de 13 h 30 à midi et là, on pouvait réviser pour les cours de l'après midi.
À 16 heures, on sortait de classe pour la récréation de 16 à 17 heures. On passait au "guichet" du ref des pions derrière lequel, un agent ( M. Charmon ?) nous donnait une barre de chocolat ou de pâte de fruit et du pain pour notre "4heures".
À 17 heures, ça "ringait" et on se mettait en rang devant l'étude, on en sortait à 19 h et on se mettait en rang pour rentrer au ref.
À 19 h 40, on se mettait en rang pour l'étude dont on sortait à 20 h 40 pour monter au "dort". Après un passage rapide au lavabo (eau froide), on se mettait au pieu et le pion éteignait à 21 heures.
Le veilleur de nuit passait fermer vers 22 heures, faisait une
ronde vers 2 heures du matin et repassait ouvrir les dortoirs vers 6 heures. Et ça sonnait à 7 heures. Petit déjeuner à 7 heures et demie, café au lait, une portion de beurre chacun ou bien, par alternance, un bol de confiture. Puis on passait à l'étude faire notre "biasse"...
Le samedi matin, après le ref, on se mettait en file indienne pour récupérer nos cartes de sortie pour le week-end. Ces cartes rouges portaient un numéro, celui de notre trousseau (le mien était 187). On arrivait devant le surgé qui nous donnait notre carte, sauf si un trait rouge en face de notre nom sur le registre indiquait qu'on était collé. Dans ce cas, on sortait des rangs tout penaud, et on restait au bahut tout le week-end. On montrait notre carte au Pip à la sortie qui se faisait à 15 heures 45. Ceux qui prenaient le train de Briançon de 16 heures, comme moi couraient comme des fous jusqu'à la gare pour ne pas le louper. La carte était datée et signée par nos parents.
Voilà ce dont je me souviens. Mais peut-être quelqu'un a-t-il une remarque à faire, un détail à ajouter ou une anecdote à nous faire connaître.
Les générations d'aujourd'hui seraient surprises de voir le temps qu'on passait en étude.
Ne sortez pas, on a pas fini de confiner.
Alain Prorel