Lycée Dominique Villars - 05000 GAP
Souvenirs
Nos lectures
Dans l'univers impitoyable qu'était notre bahut à l'époque des plus anciens, nous devions notre survie aux activités récréatives organisées pour nous : coopérative, salle d'audition, ciné club, cercle de lecture... Mais aussi organisées par nous-mêmes; parties de cartes, quillou, jeu de paume, parties de foot et aussi les illustrés.
Leur lecture était totalement prohibée mais nous avions plus d'un tour dans notre sac pour que le pion, pourtant en général très malin puisque lui-même avait été à notre place avant, ne nous surprenne en flagrant délit...Ou faisait-il semblant de ne pas voir ?
Ainsi donc, notre illustré ouvert dans un cahier ou un livre, nous pouvions nous évader avec nos héros dans les ranches et les saloons des plaines du Far-west, dans des chevauchées fantastiques.
Les plus célèbres étaient Kid Carson, Buck John, Bleck le Rock, le trappeur au chapeau à queue de loup**, Nevada avec ses révolutionnaires en guerre contre les Anglais (Les tuniques rouges ou encore les écrevisses) qu'ils voulaient bouter hors de" leur" territoire, enfin celui qu'ils avaient volé aux Indiens...
Ou bien encore, on était transporté en Afrique et on volait de liane en liane avec Akim, le roi de la jungle qui savait parler et se faire obéir de tous les animaux et surtout de leur chef : Kar, le gorille, Barroi, l'éléphant, Rag, le lion, Zig, la guenon et tous les autres... Et on rêvait, comme Jim, le fils d'Akim et de Rita,dés l'école finie, de partir en vacances dans la jungle...
Ces illustrés donnaient lieu à des transactions de toutes sortes : la vente, l'échange, le troc et même le vol dans les casiers pourtant fermés avec un cadenas.
Puis, grandissant, on (pas tous) passait à des romans tout aussi prohibés. Et on partait avec Hubert Bonnisseur de la Bath, OSS 117, à travers le monde.
Puis avec les héros de Série Noire et surtout avec San Antonio qui, en plus de ses exploits d'espion nous faisait partager avec moult détails ses aventures sentimentales avec les plus belles créatures du monde, et faisait sans le vouloir notre éducation sexuelle : il nous apprenait le Kama Sutra "version Bérurier" : "le coup du parapluie retourné", "les quatre jambons pendus au même clou" au fil de ses romans aux titres humoristiques : "à quatre pattes dans les Carpates", "Métamorphose à Formose", " les sbires de Birmanie".
Voilà comment se faisait l'apprentissage de la littérature, beaucoup moins ennuyeuse que celui prodigué par Doudou, dont on appréciait la pédagogie certes ! mais surtout, la fille qui nous faisait rêver...
Alain
**
Pas plutôt une queue de castor ? (note du webmaster)